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jeudi 25 mars 2010

Du tourisme plus grand que nature!

J’ai assisté il y a quelque temps à un 5 à 7 organisé en vue de présenter les réalisations de l’Agence de développement touristique des Hautes-Laurentides. J’ai trouvé l’exposé de monsieur Pierre-Luc Brodeur, directeur de l’Agence ci-haut mentionnée, particulièrement intéressant. Il parlait de la nécessité de faire preuve d’authenticité. Je pense comme lui que la région doit solidement se camper dans un positionnement clairement affirmé, et pour cela, elle doit être authentique et fidèle à ce qu’elle est et à ce qu’elle a à offrir. C'est d'ailleurs l'essence même du branding touristique. Mais sommes-nous conscients de tout notre potentiel et de tout ce que nous avons à offrir? Tel était le questionnement de monsieur Bordeur.



Les intervenants du développement économique doivent prendre le temps de faire cette réflexion sérieusement, car le véritable développement de l’industrie touristique ne pourra commencer que lorsque nous aurons trouvé notre compétence motrice, notre force distinctive, bref, l’image de marque qui nous permettra d’être attractifs et bien positionné. Monsieur Brodeur parlait d’identité, de sentiment d’appartenance et de fierté. Pour être fiers de ce que nous sommes, il faut savoir ce que nous sommes et quelles sont nos forces en tant que région rurale. Pour les exploiter, il faudra toutefois être stratégiques et prioriser nos efforts car même si nous avons les meilleures armes, si nous tirons partout, nous risquons fort de ne jamais atteindre la cible.



Il faudra se concentrer sur une cible et justement partir de notre compétence motrice pour capitaliser tous nos efforts à la faire fructifier et à la renforcir. Une fois que l’industrie se sera mobilisée autour de ce qui nous distingue et l’aura intégré à une image de marque forte, les acteurs de tous les secteurs (culture, agroalimentaire, etc.) pourront ensuite venir se greffer au sillon synergique qu’auront créé les leaders de l’industrie dans leurs efforts pour faire converger les investissements vers cette force distinctive.



Cette habileté à partager la même vision permettra à nos leaders de multiplier l’effet de leurs efforts et du travail qu’ils accomplissent au quotidien, faisant de chacun d’eux, et par conséquent de la région tout entière, de grands gagnants. N’oublions pas que toutes les passions n’ont qu’une seule raison : la volonté de voir notre région s’épanouir et rayonner.

mardi 2 mars 2010

Le prix des labels alimentaires

Mars est le mois de la nutrition, moment tout désigné pour se questionner sur le rôle des labels alimentaires et leurs impacts sur les choix des consommateurs.

Au Canada, où plus de huit millions d’habitants ont un excès de graisse, le coût annuel des traitements contre l’obésité, qualifiée d’épidémie en Amérique du Nord, s’élève à 1,8 milliard de dollars, dont 850 millions au Québec. Pendant ce temps, les allergies alimentaires sont en croissance constante et bien d’autres maux sont maintenant devenus ou en voie de devenir des problèmes de santé publique. Des liens causals ont été établis et démontrés entre bons nombres de problèmes de santé et les habitudes de vie et l’alimentation. Pendant ce temps, les entreprises du secteur alimentaire tentent de rassurer l’acheteur dans ses choix de consommation et de plus en plus de labels privés ou indépendants apparaissent.

Les consommateurs valorisent les produits alimentaires sains et naturels, mais on assiste à une véritable perte des repères alimentaires et le consommateur apparaît complètement submergé d'informations. Les sites santé fleurissent, l'automédication progresse à grands pas, les emballages se couvrent de mentions, de claims santé de plus en plus sophistiqués : produits anti-cholestérol, enrichis en oméga 3, 6, 9, avec des promesses plus ou moins faciles à comprendre, et plus ou moins avérées. Pour les plus avertis, la surexploitation des bénéfices santé sème la confusion, le doute et génère de la méfiance. Pour d’autres, les impacts sont encore plus pervers : ils ont la certitude de faire des choix sains pour leur santé alors qu’il en est tout autrement dans les faits.

Considérant que plusieurs multinationales de l’alimentation tendent à se mondialiser, les aliments peuvent voyager sur une plus longue distance et pour augmenter leur durée de vie, les entreprises ont recours à des additifs et des conservateurs afin d’éviter les pertes et de jouir d’une plus grande flexibilité quant au transport et aux conditions de conservations des aliments. Pour remplir leur promesse et relever le défi de la mondialisation, les compagnies doivent innover dans les processus de recherche, de fabrication et de commercialisation des produits alimentaires. Cela implique des investissements importants et l’acceptation d’un principe simple : accepter de réduire la marge de profit au bénéfice d’un produit de qualité et sain pour les consommateurs. Malheureusement pour ces derniers, il est moins coûteux pour l’entreprise de faire croire que le produit est sain, que de vendre un produit réellement sain. Alors que les produits alimentaires transformés finissent pas se ressembler, les compagnies tentent de se différencier par l’image de marque, l’emballage, bref, tout le mix marketing.

En effet, ce genre d’investissements a un effet sur différents indicateurs financiers (ROE, AT, ROA), dont dépend l’évaluation de rendement des gestionnaires, alors que la responsabilité sociale de l’entreprise tient sa logique justement du fait qu’il doit y avoir un arbitrage juste entre l’intérêt privé et le bien commun. Telle est la cruelle contradiction qui freine le développement durable de nos industries.

Selon les spécialistes en marketing alimentaire, le contenu des étiquettes alimentaires est important puisque les décisions d’achats reposent entre autres sur la qualité des ingrédients et sur la qualité nutritionnelle. L’industrie est donc d’accord pour dire que leur politique d’affichage et de label a un impact important sur la décision d’achat et, par conséquent, ils ont le choix de bien ou mal renseigner les consommateurs sur les choix qu’ils font pour leur santé. La latitude dont jouissent les entreprises vient, en partie du fait que le cadre légal et réglementaire pourrait être davantage contraignant, car dans l’industrie alimentaire comme ailleurs, il ne faut pas attendre des entreprises qu’elles se contraignent elles-mêmes, dans un contexte où les rendements financiers sont si importants et sont souvent le meilleur indicateur de la performance, donc principal facteur de valorisation et de récompenses pour les cadres et les dirigeants.

Pour sa part, Santé Canada mène actuellement des consultations sur un nouveau cadre de gestion des allégations santé liées aux aliments afin de mieux aider les consommateurs à faire des choix éclairés. Comme quoi, l’État est conscient d’avoir un rôle à jouer dans ce domaine. Mais pourquoi a-t-il tant tardé à le faire ? Heureusement, un premier pas dans la bonne direction a été franchi. Après tout, les coûts du système de santé canadien font partie des ressources partagées et de l’intérêt collectif de préserver la santé et d’investir les fonds publics aux bons endroits.

En conclusion, la surexploitation des bénéfices santé sème la confusion, le doute et génère de la méfiance, pour les plus avertis du moins. Certaines études révèlent un besoin crucial de clarté au niveau de l'étiquetage des emballages : le consommateur demande moins d'informations, mais des informations plus claires. Pédagogie et transparence sont désormais incontournables. La traçabilité et la sécurité alimentaire ne sont plus négociables et les consommateurs ont aujourd'hui une exigence absolue de savoir ce qu'il y a dans l'aliment, d'où il vient, et ils demandent à être rassurés par des marqueurs de confiance comme des labels, des cautions scientifiques, des résultats prouvés et mesurables. Encore faut-il que ces outils d’information soient utilisés à bon escient et réglementés de façon à ce que les consommateurs aient l’heure juste et fassent des choix éclairés, basés sur des informations crédibles et légitimes et non pas sur un faux sentiment de sécurité. La façon de faire de l’industrie alimentaire n’est actuellement pas très socialement responsable et est en train de complètement miner leur crédibilité et la légitimité de leur label. Les abus des uns nuisent à la réputation de ceux qui ont de bonnes pratiques et le consommateur ne s’y retrouve plus. De nouvelles difficultés devront être surmontées pour préserver la croissance du marché des aliments santé à l'avenir, tel que le resserrement de la législation et les pressions croissantes de la société civile. Les industriels vont devoir infléchir leurs stratégies en intégrant les nouveaux paradoxes des consommateurs s'ils ne veulent pas tuer la poule aux œufs d'or !